Aujourd'hui, les pharmaciens sont mis à l’honneur à travers le monde par la campagne annuelle de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP). Avec pour thème cette année « Les pharmaciens : répondre aux besoins de santé mondiaux », la Journée mondiale du pharmacien est l'occasion de souligner le rôle de la profession au sein de notre système de santé, en mettant l'accent sur les soins personnalisés et très accessibles pour les patients, et sur la collaboration avec les autres prestataires de soins.
Ces dernières années, les autorités belges ont confié de plus en plus de services de soins aux pharmaciens. Ces services, gratuits pour les patients chroniques, sont proposés en collaboration avec le médecin et d'autres prestataires de soins de santé concernés.
Le succès du pharmacien de référence
En 2017, la ministre de la Santé de l'époque instaurait la fonction de « pharmacien de référence » en tant que service de soins, ancrant fermement dans la 1re ligne de soins le pharmacien dans son rôle de prestataire de soins et de partenaire de confiance. Sept ans plus tard, plus de 1,5 million de patients chroniques ambulatoires bénéficient d'un suivi personnalisé et continu de leur santé.
La tâche principale du pharmacien de référence consiste à mettre à la disposition de son patient – et des prestataires de soins (médecin généraliste, spécialistes...) qui ont une relation thérapeutique avec lui – un schéma de médication à jour comprenant tous les médicaments et produits de santé pertinents qu’il prend. Ce schéma s’avère indispensable à des moments charnières, tels qu'avant et après une hospitalisation ou lors d’une admission en maison de repos. « Cela permet d’éviter de manière proactive de nombreux problèmes liés aux médicaments, voire parfois à une double médication. Ce service de soins permet de sensibiliser les patients, et apporte une réelle valeur ajoutée pour la Santé publique », explique Koen Straetmans, le président de l'APB.
Le schéma de médication permet d’éviter de manière proactive de nombreux problèmes liés aux médicaments.
Président APB
En outre, le pharmacien de référence propose des entretiens d’accompagnement dans le cadre du suivi des soins pharmaceutiques, en mettant l'accent sur le bon usage des médicaments et l'observance thérapeutique.
De nouvelles missions de soins
Depuis le début de l'année dernière, les pharmaciens jouent également un rôle croissant dans l’accompagnement personnalisé des patients : ils les aident, par exemple, à se défaire progressivement d’un usage chronique de somnifères (benzodiazépines et apparentés) au moyen de préparations magistrales prescrites par le médecin ; depuis le 1er avril 2023, les patients polymédiqués (prenant plusieurs médicaments par jour) vivant à domicile peuvent bénéficier d'une Revue de la médication ; et, depuis début avril 2024, les patients atteints de BPCO (maladie pulmonaire chronique) peuvent également être accompagnés de manière plus intensive par leur pharmacien.
« Poursuivre le développement de ces différentes missions liées aux soins et les pérenniser : voilà où se situe l’avenir de notre profession, confirme Koen Straetmans. Non seulement, elles utilisent intelligemment le potentiel des pharmaciens, mais surtout elles contribuent à la Santé publique et complètent les autres prestataires de soins. Le rôle des pharmaciens dans la prévention, le dépistage précoce et la sensibilisation par le biais du Point of Care Testing (POCT), entre autres, est également appelé à s'accroître. Les autorités l’ont bien compris ».
Les nouvelles missions de soins confiées aux pharmaciens utilisent intelligemment leur potentiel, tout en contribuant à la Santé publique et en complétant les autres prestataires de soins.
Président APB
Impliquer la pharmacie dans les soins intégrés
Le vieillissement de la population et l'augmentation du nombre de patients chroniques constituent des défis majeurs pour les soins de santé. Une première ligne de soins intégrée, dans laquelle les prestataires de soins collaborent mieux pour répondre aux besoins de santé complexes, est essentielle. Cela nécessite un système de rémunération qui encourage la continuité des soins et la collaboration. La gestion de la population, étayée par des données, aide les pharmaciens et les médecins à réaliser ensemble des gains de santé ciblés. Enfin, pour une coopération optimale entre les secteurs de la 1re ligne et des hôpitaux, il est nécessaire de mettre en place une bonne communication numérique et un partage des données. Ainsi, chaque prestataire de soins du réseau multidisciplinaire autour du patient a accès aux informations qui le concernent, dans le respect de la règlementation sur la protection de la vie privée. Les pharmaciens jouent un rôle pionnier dans ce domaine, notamment en gérant le schéma de médication partagé et en apportant leur expertise en matière de gestion des médicaments.
« Le pharmacien (de référence), en tant qu'expert de l’action et du suivi des médicaments, est un maillon important de la réforme vers des soins chroniques intégrés. Donnez-lui, en complément des autres prestataires de soins, une place claire dans un système de coordination des soins et de gestion de la population. La qualité des soins ne peut s’en trouver qu’améliorée », conclut Koen Straetmans.
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